Interview : Françoise de Saveurs Croisées

Par stephane • Interviews • Mercredi 11/05/2011 • 3 commentaires • Version imprimable

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Françoise a lancé son blog Saveurs Croisées en août dernier, au moment où je lançais également Recettes de Cuisine. Françoise est l'une des premières blogueuses à avoir inscrit son blog sur le site. Echanger avec elle pour améliorer et faire connaître nos sites respectifs m'a beaucoup aidé, et elle a toujours été l'une des premières à essayer les nouvelles fonctions et participer à mes nouvelles idées : le jeu des royaumes de la cuisine, les médailles, le lancement du 1er défi cuisine... Je suis donc ravi de publier aujourd'hui son interview. :-)





Peux tu te présenter et présenter ton blog Saveurs Croisées ?

Je suis provençale par mes racines - avec un zeste de Corse et d’Italie -, mais j’ai la chance de vivre en Belgique et de visiter souvent les Pays-Bas. Voilà autant d’occasions de revisiter des recettes de ces régions et d'en inventer de nouvelles en “croisant” les inspirations, les produits et les saveurs : le thym, la lavande et le spéculoos, la crevette grise de la Mer du Nord et un aïoli, la bière d’abbaye et le laurier... D'où l'idée de "saveurs croisées" : je me sens profondément "du sud" et je me sens chez moi en Belgique !

Tu as toujours ton cahier à spirale avec les recettes que tu notais quand tu étais enfant ? Tu as une photo ? :-)

J’ai bien entendu conservé précieusement mon cahier à spirale. Malheureusement, je ne peux t’en faire une photo car il est sagement rangé dans le buffet de la salle à manger de la maison provençale.

Qu'est ce qu'on mange de bon au bord de la Mer du Nord ?

Les produits de la mer en premier. Les amateurs de moules sont comblés. Les crevettes grises sont aussi présentes sur les étals des poissonniers et les cartes des restaurants. Idem pour le cabillaud et les soles. Du côté de la terre, en ce moment, c’est la saison des asperges, blanches ou vertes, et celle des fraises : de Wépion ou de Hoogstraten, elles sont exquises ! Et puis tu trouves aussi la fameuse gaufre qui parfume toujours les bords de plage, sans oublier cette odeur de frites si caractéristique de la Belgique - tu sais, la frite à double cuisson, d’abord à l’huile, ensuite au blanc de boeuf...

Ce qui m'impressionne depuis le début de ton blog, ce sont les splendides présentations et les magnifiques photos qui vont avec, sans même parler des idées et de la réalisation des plats qui seraient à leur place dans les meilleurs restaurants. Comment fais-tu ? Tu étais professionnelle de la cuisine et de la photo dans une autre vie ?

Ah ah heureusement que je suis devant mon écran, car je suis devenue rouge tomate ! Dans une autre vie je concoctais des textes de propositions de lois ou de décrets en France ou de directive ici à Bruxelles. La cuisine c’est donc un changement de cap à 180° qui répond à une fibre profonde que j’avais en moi et que mon mari m’a finalement révélée en me lançant en avril 2010 justement sur une plage des Pays-Bas : “et pourquoi tu n’ouvrirais pas un blog de cuisine”. Bizarrement ma réponse a fusé : OUI alors que je n’avais qu’une vague idée de ce qu’était un blog... Instinctivement, j’y avais peut-être entrevu l’alliance de mes deux passions, la cuisine et l’écriture. La photo en revanche, je ne suis pas experte. J’ai bien un peu essayé au début, mais ce n’était pas vraiment concluant. Comme mon mari est passionné de photographie, nous travaillons ensemble. La construction du plat, le dressage, ce que j’appelle “la mise en image”, c’est moi à 100% et c’est l’une des facettes du boulot que je préfère ! Mon mari se charge lui du cadrage, de la prise de vue et de la “post-prod” sur ordinateur.

Quelques conseils à partager pour réussir les photos culinaires ? (ou au moins ne pas trop les rater :-) J'aime beaucoup les prises de vue de biais que tu fais avec une mise au point sur le centre de l'assiette et l'effet de flou en avant et arrière plan. Qu'est ce que tu utilises comme matériel ? Un trépied ? Une source de lumière ?

 

Mon mari a beaucoup appris depuis le début du blog, car la photographie culinaire est un domaine avec ses exigences particulières. Les photos sont prises avec un trépied, qui permet de peaufiner les cadrages sans risquer un flou de bougé. La lumière naturelle, notamment celle du soleil couchant, est parfaite, mais en Belgique il faut souvent lui préférer un éclairage artificiel : jamais direct, comme celui des flashs intégrés dans les appareils photos ! Il faut aussi varier les angles de prise de vue, ce que permet un trépied, afin de voir le plat d’un oeil toujours différent. Les photos sont prises avec une focale fixe (50mm), toujours en mode “priorité à l’ouverture”, et en variant la profondeur de champ (de f2.5 à f5.6) afin de mettre l’accent sur telle ou telle partie du plat. Ensuite, il y a un travail de développement, sur Adobe Lightroom essentiellement : il faut par exemple ajuster la balance des blancs en fonction des plats (la viande tend à devenir bleuâtre à la lumière artificielle, par exemple), renforcer la netteté, ajuster les tonalités de telle ou telle couleur,...

Tout cela doit représenter un travail colossal, combien de temps passes tu sur ton blog et qu'est ce qui te motive à bloguer ?

J’y passe du temps mais c’est difficile à comptabiliser, car c’est une passion et cela fait donc partie de ma vie. J’y pense du matin au soir et je m’en occupe dès que j’ai une minute de libre. Mais je n’arrive pas à parler de travail tant c’est une détente et un plaisir ! Enfin si je pouvais en vivre, ce serait idéal : avis aux rédactions de magazines et autres éditeurs de livres !

Ton ingrédient et ta recette "fétiches" ?

Incontestablement, mon ingrédient fétiche est l’huile d’olive. Je ne peux dire comme Obélix que j’y suis tombée dedans mais presque. L’huile d’olive est indissociable de la cuisine provençale. C’est très sentimental pour moi car j’utilise dans la mesure du possible l’huile des olives cueillies par mes parents. Si j’ajoute que leurs oliviers ont été plantés par mes grands-parents, tu mesures “l’empreinte familiale” dans ma cuisine !

Je n’ai pas de recette estampillée “fétiche” mais par exemple le dernier plat cuisiné que j’adore sont de simples poivrons grillés rehaussés d’une pointe d’ail et... d’huile d’olive !

La blogosphère gourmande belge a l'air très active : le blogopotes tour de Philou001, le salon du blog culinaire de Bruxelles, le groupe Facebook des blogs cuisine belges... As-tu déjà eu l'occasion de rencontrer d'autres blogueurs culinaires de Belgique ?

Bien entendu. J’ai découvert que les Belges apprécient les nourritures terrestres et sont de sacrés bons vivants, qu’ils soient wallons, bruxellois ou flamands ! Toute occasion pour se retrouver, s’amuser et partager de bonnes choses est bonne à prendre. De plus, la Belgique recèle des trésors de bons produits et de spécialités dont je suis loin d’avoir fait le tour. Les blogueurs belges sont à l’image du pays : bourguignons dans leur esprit et leur façon de vivre. Aimant se régaler sans jamais se prendre au sérieux. Le salon du blog culinaire promet d’être joyeux.

Comment se porte la version anglophone de ton blog, A French Cook Diary ? J'ai vu que ton mari continuait à faire un gros travail de traduction et d'adaptation de tes recettes. Est-ce que les premiers lecteurs et commentateurs commencent à arriver ?

Ca démarre doucement... L’expérience de Saveurs croisées m’a montré qu’un nouveau blog restait un certain temps dans le “bac à sable”, comme disent les ingénieurs de Google, avant d’être référencé et un peu connu. Mais les lecteurs arrivent, et j’espère bien développer mon alter-ego anglophone !

Le plat que tes enfants préfèrent ?

Ah mes pauvres petits qui sont mes premiers testeurs ! Eh bien figure toi qu’ils sont habitués depuis petits à la diversité et qu’ils mangent sans rechigner de tout même des légumes (exception faite des brocolis et je ne sais plus...) !! Je crois tout de même que leur préférence va, comme la majorité des enfants, vers les pâtes. Mais leurs goûts s’affinent car je suis surprise des critiques (même positives, ouf !) de mon grand qui sont sacrément subtiles...

Et si on parlait bière pour changer ? Est-ce que tu en utilises parfois dans ta cuisine ? Lesquelles aimes-tu déguster, et avec lesquelles de tes recettes se marient elles le mieux ?

Oui, j’ai commencé à utiliser la bière depuis que j’habite en Belgique. La bière est d’ailleurs un excellent fil conducteur pour découvrir la richesse gastronomique du pays, car chaque localité ou presque a “sa” bière ! J’ai ainsi découvert la bière trappiste de Chimay, avec laquelle j’ai cuisiné un lapin aux pruneaux, la Gueuze que j’ai utilisée pour faire une soupe à loignon. J’essaie aussi de découvrir des producteurs artisanaux qui élèvent leurs bières comme du vin. J’adore la Kriek, une bière typiquement bruxelloise à la cerise, et j’ai parlé sur mon blog d’Armand Debelder, qui produit une Kriek authentique, qui n’a pas le goût sucré si marqué des bières que l’on trouve en grandes surfaces, mais une acidité subtile qui rappelle à la fois le fruit et le houblon.

Merci beaucoup Françoise, et bravo pour tes magnifiques blogs !


Vous aimez ? Alors partagez moi ! :-)


Commentaires

par stephane le Mercredi 11/05/2011 à 13:15

Merci beaucoup pour toutes ces réponses détaillées. :-)

En fait pour faire de belles photos culinaires, il faut aimer manger froid. ;-)

Tes réponses m'ont donné envie d'aller faire un tour en Belgique, je n'ai fait qu'y passer et je n'ai jamais pris le temps de découvrir le pays et sa gastronomie !

Quelle huile d'olive utilises-tu ? Tu en as des différentes pour différents usages ?


interview par marie claire le Mercredi 11/05/2011 à 13:21

 Bravo Françoise


par véb le Mardi 02/07/2013 à 23:56

Tes réponses sont à ton image. Précise, passionnée et toujours pro. Biz bien amicale ma chère Françoise



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